Autrement appelée le « syndrome de la tête plate », la plagiocéphalie est une déformation crânienne qui se manifeste chez les nourrissons. Elle est dans la majorité des cas bénigne. Sa résorption s’opère avant l’âge de deux ans et aucune intervention chirurgicale n’est requise. Mais plus rarement, la même anomalie peut être consécutive à une soudure précoce d’une ou de plusieurs sutures crâniennes. En l’occurrence, une opération chirurgicale est indiquée. La plagiocéphalie est un problème de santé publique dans le sens où elle peut atteindre jusqu’à un quart des jeunes enfants. Mais peut-elle avoir des conséquences sur le développement cérébral ?
Qu’est-ce que la plagiocéphalie et comment affecte-t-elle le développement du cerveau ?
Lorsque l’on parle de plagiocéphalie, on fait allusion à une anomalie crânienne survenant dès le plus jeune âge. Le crâne des nourrissons atteints se déforme et perd par conséquent de sa symétrie. Le syndrome de la tête plate peut avoir deux variantes.
On note d’abord la plagiocéphalie positionnelle ou posturale qui est sans doute la plus fréquente. Elle se caractérise par un aplatissement unilatéral de l’occiput, un œil plus ouvert, une oreille plus en avant et un front proéminent d’un côté. La perte de symétrie est dans le cas présent la conséquence d’une contrainte mécanique sur le crâne du bébé, lequel est encore malléable. Comme l’indique son nom, elle est le résultat d’un problème positionnel. Elle peut par exemple se manifester lorsque le nourrisson reste toujours dans une même position durant son sommeil.
Dans tous les cas, la plagiocéphalie posturale n’a aucun impact sur le développement cérébral des nourrissons qui en souffrent. La raison est qu’elle n’entraîne pas la compression du cerveau. D’ailleurs, le problème se résorbe dès l’âge de deux ans. Cependant, l’asymétrie ainsi causée est très peu esthétique : la tête des bébés atteints prend la forme d’un parallélogramme.
La plagiocéphalie synostotique est quant à elle une anomalie crânienne rare. Elle se déclare chez les nourrissons lorsqu’une ou plusieurs fontanelles se soudent prématurément. Contrairement à la variante posturale, la déformation structurale du crâne consécutive à une craniosténose empêche le bon développement du cerveau. Cela peut donc occasionner de multiples troubles :
- hypertension intracrânienne,
- problèmes cognitifs, auditifs, visuels ou du langage,
- malformations faciales…
Une intervention chirurgicale doit avoir lieu avant que l’anomalie n’entraîne de graves complications. Il est alors essentiel que la plagiocéphalie synostotique soit diagnostiquée le plus tôt possible. Tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur la plagiocéphalie peuvent se renseigner auprès d’un ostéopathe de proximité.
Les facteurs de risque de la plagiocéphalie
Il a été constaté que près de trois quarts des bébés atteints d’une plagiocéphalie positionnelle sont des garçons. La raison est que ces derniers sont moins actifs que les filles durant les premiers mois de leur vie. Qui plus est, les périodes d’éveil sur le ventre sont moins fréquentes chez les garçons. On distingue par ailleurs d’autres facteurs pouvant favoriser l’apparition du syndrome de la tête plate. On peut notamment citer :
- le torticolis congénital,
- la prématurité,
- la grossesse multiple,
- les mauvaises habitudes positionnelles (dans le berceau, le siège-auto ou la poussette),
- l’hypotonie musculaire,
- les éventuels troubles visuels…
Les facteurs de risque de la plagiocéphalie synostosique, pour leur part, sont moins connus. Il semble cependant que, dans certains cas, il existe une prédisposition génétique. La craniosténose peut aussi être associée à des infections maternelles, des problèmes chromosomiques, une carence en acide folique, une exposition à des substances toxiques.
L’importance de la détection précoce et de la prévention de la plagiocéphalie chez les bébés
La plagiocéphalie peut être détectée dès la naissance ou au cours des premiers mois de vie. Il convient d’observer attentivement la forme du crâne du nourrisson. En cas de doute, il y a lieu de consulter directement un pédiatre ou un médecin traitant. Le but est de poser un diagnostic exact et d’éliminer un éventuel syndrome de la tête plate.
Ces professionnels de santé peuvent effectuer des mesures anthropométriques. On peut par exemple citer la différence entre les deux diagonales du crâne ou l’index céphalique (rapport entre la profondeur et la largeur du crâne). Ils peuvent aussi prescrire des examens complémentaires : scanner, radiographie, échographie. Si des traitements doivent être entrepris, ceux-ci doivent commencer le plus tôt possible. Tous les conseils et les mesures préventives avancés par le pédiatre ou le médecin traitant doivent être suivis à la lettre.
Pour ce qui est de la prévention, elle passe par des gestes simples à adopter dès la naissance du bébé. Durant les phases de sommeil, il est conseillé de varier les positions du nourrisson ainsi que l’orientation de sa tête. Lorsque le bébé est éveillé, il est aussi conseillé de varier ses positions. Puis, il faut le positionner en décubitus ventral pendant environ un quart d’heure plusieurs fois par jour. Cela contribue au développement de sa musculature cervicale. On doit par ailleurs stimuler le bébé lorsqu’il est éveillé, en lui souriant, en lui parlant, en lui proposant des jouets…
Les options de traitement et de prise en charge de la plagiocéphalie
Le traitement du syndrome de la tête plate dépend de sa cause, de sa sévérité ainsi que de l’âge du nourrisson. Dans la plupart des cas, la plagiocéphalie posturale se résorbe spontanément avant l’âge de deux ans, cela grâce aux mesures préventives évoquées précédemment. Si le problème persiste ou s’aggrave, le médecin peut prescrire le port d’une orthèse crânienne. Il s’agit d’un dispositif visant à favoriser la croissance des zones aplaties. Il doit être porté en permanence pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que le crâne atteigne une forme normale. Une stimulation développementale est indiquée en cas de torticolis empêchant le bébé de tourner sa tête.
Pour ce qui est du traitement de la plagiocéphalie sur craniosténose, il se révèle plus complexe. Il requiert une prise en charge spécialisée et multidisciplinaire. Le traitement repose essentiellement sur la chirurgie qui consiste à sectionner les sutures crâniennes fusionnées et à remodeler le crâne du nourrisson. L’opération doit se faire le plus tôt possible, idéalement avant l’âge de six mois afin de limiter les séquelles et les complications. Le bébé atteint d’une plagiocéphalie synostosique peut aussi bénéficier d’un suivi ophtalmologique, psychomoteur, orthophonique ou neurologique selon ses besoins.