Entre nécessité de faire des économies sur le budget et développement d’une voie encore plus libérale, tous les domaines de notre quotidien sont touchés, y compris le domaine de la santé et du médical. Quelles sont les conséquences de cette libéralisation de la médecine et quel impact aura-t-elle sur la vie du patient ? Médecin : une […]
Entre nécessité de faire des économies sur le budget et développement d'une voie encore plus libérale, tous les domaines de notre quotidien sont touchés, y compris le domaine de la santé et du médical. Quelles sont les conséquences de cette libéralisation de la médecine et quel impact aura-t-elle sur la vie du patient ?
Médecin : une profession de moins en moins libérale
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas, ici, de montrer en quoi les médecins se tournent de plus en plus vers une profession libérale pour pouvoir définir eux-mêmes leurs honoraires. Bien au contraire, à tel point que la notion même de profession libérale, lorsqu'il s'agit de médecine, pourrait même être en danger .
En effet, dans le contexte actuel, de nombreuses pressions et coups de boutoir de la part des partisans d'un libéralisme plus poussé, bien aidés par ceux qui cherchent à faire des économies dans le budget dédié à la santé, ont mené à multiplier les contraintes sur le corps médical, qu'il s'agisse du corps hospitalier, des médecins ou des infirmiers.
La libéralisation de la médecine ne désigne donc pas sa propension à être de plus en plus exercée hors de tout contrôle mais, bien au contraire, à permettre aux laboratoires pharmaceutiques d'être bien plus libres et, ainsi, d’accroître leur influence sur le domaine de la santé.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Pendant des années, les labos pharmaceutiques avaient un rôle limité : ils étaient cantonnés à l'exercer dans l'ombre et les médecins étaient leurs principaux intermédiaires. C'étaient les médecins qui décidaient d'user ou non de tel médicament plutôt qu'un autre. C'est la première chose qui devrait aujourd'hui changer puisqu'il s'agit de permettre aux labos d'infiltrer l'espace privé des patients.
Ainsi, les labos pourront désormais téléphoner aux patients ou leur rendre visite afin de les encourager à bien prendre leur traitement dans le cadre de « programmes d'aide à l'observance ». Ces visites sont assurées par un prestataire – une infirmière, une société d'assurance, qui est payé par le laboratoire pharmaceutique. Le problème étant que de telles pratiques, dans un cadre de libéralisation de la médecine, risque d'en faire un produit de consommation banale dont il s'agirait simplement de faire augmenter la demande.
Une étude anglaise a ainsi montré que l'arrêt précipité des traitements comptaient en moyenne 30 milliards au laboratoire pharmaceutique et, ces pratiques, encadrées par l'idée de libéralisation de la médecine, auraient comme but principal d'éviter ce genre de perte de capitaux. Le syndicat des firmes pharmaceutiques, LEEM, s'est empressé de condamner ces soupçons en expliquant qu'il s'agissait d'une mission de santé publique afin de vérifier que les patients prenaient bien leurs médicaments.
Quelles conséquences pour les patients ?
La première conséquence est de supprimer un intermédiaire entre le patient et le laboratoire pharmaceutique. Le problème étant que, si le médecin a lui connaissance des composants d'un médicament et est capable de comparer un nouveau produit avec ceux déjà existant, les prestataires payés par les labos, eux, ne le sont pas et, a fortiori, le patient non plus. La libéralisation de la médecine peut donner aux patients l'impression d'être livrées à eux-mêmes face à une offre qu'ils ne peuvent pas évaluer.
Mais là n'est pas le seul changement qu'implique cette libéralisation de la médecine. Il est également envisagé d'encourager l'auto-médication pour les petits tracas quotidiens afin de limiter le nombre de consultations. Si cela est tout à fait justifiable, il s'agit encore de définir ce qui est considéré comme un petit tracas. Aussi, le fait de voir que les laboratoires pharmaceutiques sont désormais autorisés à encadrer la formation des médecins soulève quelques doutes…